Arnaud Lalane
Dans ce que l’on appelle Mémorial, Blaise Pascal oppose le Dieu vivant, le Dieu de l’alliance, le « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob », au dieu « des philosophes et des savants ». Cette opposition structure encore aujourd’hui le rapport que les croyants et non-croyants ont à Dieu. Il paraît en effet évident que ni la philosophie, ni la science (en son sens large) ne sont constitutives du rapport que la foi soutient à Dieu.
Que Dieu soit un objet de pensée et de raison ne fait pas de Dieu un objet de foi. Qu’il ait une place (parfois privilégiée) dans l’architecture d’un système philosophique n’implique nullement d’y reconnaître Celui qui est notre origine et notre fin, et en qui nous trouvons le salut. Alors, faut-il aller jusqu’à dire que, par un singulier retournement, le dieu des philosophes, le dieu de ceux qui font profession de trouver la vérité par le moyen de la raison, n’est qu’un faux dieu, une idole, un « ouvrage
de mains humaines », comme le dit le Psalmiste (Ps 113 B) ? Et si le dieu des philosophes n’est pas encore le vrai Dieu, peut-il être un dieu vrai, un dieu capable de laisser filtrer la présence de l’Unique nécessaire ?
Ce cours, en deux parties, abordera ces questions en un parcours chronologique et étudiera différentes figures du dieu des philosophes.